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Entre angoisses et déni, les démocrates unis derrière Joe Biden

De l’apnée du sommeil, de l’arthrite, un reflux gastro-œsophagien. Mais au niveau neurologique, rien à signaler. Joe Biden est « un homme de 81 ans en bonne santé, actif et robuste », capable d’exercer ses fonctions à la tête de la première puissance mondiale. Telle est la conclusion du rapport médical de six pages signé par son médecin, Kevin O’Connor, et rendu public le 28 février. Un document très détaillé, mais qui ne répond pas aux interrogations sur la capacité du candidat démocrate à affronter une nouvelle campagne présidentielle face à Donald Trump, 77 ans.
Selon un sondage New York Times-Siena College, publié samedi 2 mars, 19 % des électeurs de Joe Biden en 2020 estiment que son âge est devenu rédhibitoire. Ces questions sont si présentes qu’elles semblent obérer la perception de ses accomplissements, que le président compte rappeler dans son discours sur l’état de l’Union, jeudi 7 mars, devant le Congrès.
Depuis deux ans, la popularité de Joe Biden stagne autour de 40 %. Ses conseillers espèrent qu’un renversement va s’opérer à l’approche des élections de novembre, grâce à un double ressort. D’une part, une prise de conscience sur les dangers d’une nouvelle présidence Trump ; de l’autre, l’infusion des réformes initiées. Il s’agit notamment des investissements dans les infrastructures (ponts, routes, etc.), ou encore ceux dans les secteurs-clés comme l’économie verte, qui mettent du temps à sortir de terre.
De même, l’entourage du président veut croire à une reconnaissance de la jeunesse éduquée pour les annulations successives de la dette étudiante. Dans cette optique, l’émotion suscitée par la guerre à Gaza et les critiques d’une partie de la gauche contre son administration, qui refuse d’appeler à un cessez-le-feu immédiat, ne joueraient qu’à la marge.
Cet optimisme s’appuie aussi sur les victoires démocrates accumulées localement, d’Etat en Etat, depuis la suppression de l’avortement comme droit constitutionnel par la Cour suprême, en juin 2022, un sujet majeur de mobilisation pour l’électorat progressiste.
Pourquoi, dès lors, changer un attelage gagnant ? A l’issue de sa victoire dans les primaires démocrates en 2020, Joe Biden, vu pourtant comme un cacique tempéré du Parti démocrate, avait accompli un authentique exploit. Il était parvenu à rassembler l’ensemble des courants de gauche derrière sa candidature, notamment les partisans de Bernie Sanders, en intégrant leurs représentants et leurs idées.
Cet exploit s’est prolongé au Congrès pendant les deux premières années de son mandat, avec des élus démocrates très disciplinés, ne cédant pas à la tentation du coup d’éclat médiatique sans lendemain. Aujourd’hui, l’aile progressiste demeure rangée derrière la nouvelle candidature de Joe Biden, malgré elle et malgré lui. Comme s’il n’y avait d’autre choix. « Beaucoup dans le parti se seraient félicités si Biden, de lui-même, s’était retiré, en raison du risque posé par son âge, explique William Galston, expert de la Brookings Institution et éditorialiste au Wall Street Journal. Mais ils ont un souvenir vif des divisions du passé entre les démocrates, notamment du défi posé au président sortant, Jimmy Carter, en 1980 par Ted Kennedy, le ressentiment que cela avait nourri, les difficultés à lever les fonds, le retard pris dans la planification de l’élection elle-même. Personne ne veut renouveler ce traumatisme. »
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